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Jean-Michel Blanquer est Directeur Général de l’ESSEC Business School. Ancien Directeur de l’Enseignement Scolaire, ancien Recteur de l’académie de Guyane et de l’académie de Créteil, il est également membre du comité directeur d’Agir pour l’école.

Il vient de publier aux Editions Odile Jacob « L’école de demain », ouvrage riche de propositions pour améliorer en profondeur l’éducation nationale, notamment l’école maternelle et l’école élémentaire. Son objectif ? Élaborer « un projet éducatif qui repose sur une philosophie claire et sur une méthodologie d’action, ce qui nécessite d’articuler une vision d’avenir pour la France et des réponses aux enjeux pratiques de l’école au quotidien ».

 

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« L’école de demain » : trouver le « grand équilibre » dans l’éducation

J.-M. Blanquer promeut une politique éducative qui ambitionne de faire « des enfants d’aujourd’hui […] des adultes libres ».

L’auteur propose de trouver « l’équilibre » entre les « pédagogies structurées » et la « modernité pédagogique » pour construire l’école de demain, et liste les « trois piliers » de sa démarche.

Il est d’abord nécessaire de dresser, « un portrait de l’éducation en France […], nécessairement subtil, […] en reconnaissant les acquis comme les échecs des gouvernements successifs afin de mieux réussir ». Pour l’auteur, il s’agit finalement de faire appel à « l’expérience » pour en finir avec « le va-et-vient des réformes éducatives et pédagogiques ».

J.-M. Blanquer invite ensuite à prendre en compte les nombreux travaux et réformes effectués dans d’autres pays, en s’appuyant sur les programmes internationaux d’évaluation. Un bon exemple serait l’étude PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), qui fait référence dans le monde en matière d’apprentissage de la lecture.

Enfin, il intègre, pour penser l’école de demain, les deux révolutions en cours sous nos yeux que sont la généralisation du numérique et le développement des neurosciences. Ces dernières « permettent de mieux comprendre les étapes du développement cognitif sans être un nouveau dogme ».

Mieux, « les sciences cognitives nous montrent que le potentiel de chacun est considérable ».

Réaffirmant la nécessité d’innover et d’expérimenter « pour faire progresser l’éducation », J.-M. Blanquer détaille cette vision à travers des chapitres précis et documentés où l’apprentissage de la lecture, particulièrement à l’école maternelle et à l’école élémentaire, occupe une place majeure.

 

Des propositions fortes à l’école maternelle et à l’école élémentaire, notamment en matière d’apprentissage de la lecture

L’ouvrage diagnostique par niveau (maternelle, élémentaire, collège) les difficultés que rencontre aujourd’hui l’éducation nationale pour assurer la réussite de tous. Il insiste particulièrement sur les premières années de la scolarité.

En effet, « la période entre la naissance et l’âge de 7 ans est décisive ». L’école maternelle constitue une étape cruciale pour le développement de tous les enfants. C’est l’objet du premier chapitre.

« L’égalité des chances impose de faire de la petite enfance une priorité de nos politiques publiques » et de saisir l’enjeu fondamental de « l’immersion langagière », souligne J.M Blanquer, dans les premières années de la scolarité.

Dans le deuxième chapitre, consacré à l’école élémentaire, l’auteur fixe une mission simple à cette dernière : « l’acquisition – et la maîtrise – des savoirs fondamentaux par tous les élèves ».

Comment ? En consacrant du temps à la transmission des savoirs fondamentaux et en personnalisant « les apprentissages [pour] tenir compte des besoins des enfants ».

 

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Les propositions issues de l’ouvrage « L’école de demain »

Quelques mesures-clés pour l’école maternelle :

  • « Donner la priorité absolue à l’immersion langagière en maternelle et en faire une priorité politique nationale »
  • « Diffuser des techniques pédagogiques qui ont fait leurs preuves, inspirées directement par la recherche et fondées sur les meilleures expériences internationales »
  • « Diviser par deux la tailles des classes à l’école maternelle, prioritairement en REP + puis en REP. »

Quelques mesures-clés pour l’école élémentaire :

  • « Assurer […] à tous les enfants […] 20 heures consacrées aux savoirs fondamentaux ».
  • « Accompagner les programmes existants d’un cadre pédagogique très précis afin de favoriser les pédagogies efficaces »
  • « Favoriser l’affectation des maîtres les plus expérimentés sur les niveaux cruciaux (grande section et CP) »

 

Retrouvez le livre de J.M. Blanquer sur le site des Editions Odile Jacob.

Exemple

Le professeur Heckman, de l’Université de Chicago.

Investir tôt dans l’éducation, un investissement rentable à long terme

Le Professeur Heckman, de l’Université de Chicago a mené et agrégé de nombreuses études sur l’impact des investissements éducatifs. Il propose une analyse, repris notamment par une tribune publiée la semaine dernière sur notre site, qui croise les méthodes de la discipline économique et les questions éducatives. Sa conclusion ? Investir dans l’éducation des enfants défavorisés, dès le plus jeune âge, permet de limiter l’échec scolaire et les couts sociaux dramatiques qu’il engendre tout au long de la vie des personnes. Ses travaux, qu’Agir pour l’école restituent ici, invitent à la réflexion à propos des savoirs fondamentaux, comme l’apprentissage de la lecture.

Quel est le premier constat du Professeur Heckman ? Les inégalités, particulièrement les inégalités scolaires, se creusent dès le plus jeune âge. Or, « Si la société intervient suffisamment tôt, elle peut améliorer les capacités cognitives […] des enfants défavorisés » et donc grandement améliorer leurs performances scolaires.

En d’autres termes, il affirme que plus les interventions sont précoces dans la vie des enfants, particulièrement les plus défavorisés d’entre eux, plus les inégalités de compétences cognitives (principalement liées à l’apprentissage des savoirs fondamentaux, comme la lecture) se réduisent et favorisent la suite de la scolarité et l’insertion sociale.

Une approche économique pour promouvoir les interventions précoces dans la vie des enfants

L’originalité de sa démarche est qu’il propose une approche économique. L’éducation doit être considérée comme un investissement économique qui favorise le développement du capital humain. Il limite également sur le long terme les coûts sociaux de l’échec scolaire. « Il est économiquement plus efficace de prévenir les problèmes liés au développement humain que de tenter d’y remédier. […] Les interventions précoces sont plus rentables que les interventions ultérieures ».

La courbe du Professeur Heckman, ci-dessous, illustre les rendements élevés des investissements éducatifs précoces.

Taux de rendement du capital humain en fonction de l’investissement éducatif à des âges différents.

De très nombreuses études, en Amérique du Nord et en Europe, « vont dans la même direction » selon lui. Des investissements précoces dans l’éducation permettraient de casser le cycle de reproduction des inégalités et amélioreraient l’employabilité et la productivité de la main d’œuvre sur le long terme. Une leçon à méditer, notamment en ce qui concerne l’apprentissage de la lecture.

 

Exemple

Nous reproduisons ici la tribune publiée le 29 septembre par Arthur Muller, chef d’entreprise et Ariel Weil, économiste, dans l’édition électronique du journal Le Monde, avec l’aimable autorisation de ses auteurs. L’enjeu selon eux ? Investir bien plus en matière d’apprentissage de la lecture

Chaque année, environ 140 000 jeunes quittent le CM2 sans maîtriser la lecture, soit 20 % des 700 000 élèves finissant l’école primaire pour entrer au collège – un taux d’échec scolaire qui se dégrade depuis maintenant plus de trente ans, et qui est l’un des plus élevés parmi les pays développés. Une des sources du chômage de masse de notre pays se trouve ici, dans une économie où l’emploi est si fortement lié aux qualifications. La chronologie rétrospective n’est pas difficile à faire : les jeunes qui risquent le chômage chronique sont ceux qui sortent de l’école sans diplôme ; ils étaient les 150 000 « décrocheurs » annuels à la fin du collège et, sans doute, les mêmes 140 000 élèves ne sachant pas bien lire à la fin du CM2. Cet échec de notre école primaire est, en outre, un amplificateur d’inégalité sociale, car ces élèves sont en majorité issus de familles défavorisées.

C’est une spécificité de notre système éducatif : par rapport à nos voisins, l’école française est celle où le lien entre difficultés sociales et scolaires est le plus fort. Outsiders ultimes de notre pays, ces 140 000 enfants, pauvres pour la plupart, ont perdu avant même d’avoir 11 ans. Cette situation n’a rien d’inéluctable. Les difficultés sociales et d’emploi font l’objet des plus fortes attentions et des plus fortes dépenses à l’âge adulte, quand bien même c’est à ce moment qu’elles sont les plus difficiles à traiter. Or, ces difficultés sont identifiables bien plus tôt, avant même le collège, à l’école primaire, et c’est à ce stade que les politiques publiques sont les plus efficaces.

La « courbe de Heckman »

La célèbre « courbe de Heckman » montre que c’est dans les premières années de l’enfance que les politiques éducatives d’un pays ont le plus d’impact sur la destinée de sa jeunesse. Nous proposons que l’apprentissage de la lecture pour tous soit la priorité éducative du prochain Président de la République, avec l’objectif suivant : en 2022, 90 % des élèves doivent savoir lire à la fin du CE1, contre 80 % aujourd’hui ; le prochain président de la République doit s’engager à tout entreprendre pour diviser l’échec scolaire grave par deux, de 20 % à 10 %, et ainsi sauver 70 000 élèves par an. Cela nous portera au niveau du Canada et nous laissera encore derrière les pays les plus performants.

Afin de permettre un pilotage de cet objectif présidentiel depuis le ministre de l’éducation nationale jusqu’aux professeurs des écoles, il faut mesurer le niveau des élèves. Cela paraîtra surprenant à un observateur extérieur, mais au ministère de l’éducation nationale, on parle très peu des progrès des élèves de primaire. La raison est très simple : au niveau national, personne ne les connaît, personne ne les mesure, personne ne les pilote. Or, on ne fait progresser que ce que l’on mesure. Si le niveau des élèves n’est jamais mesuré, cela signifie que ce n’est la responsabilité de personne de les améliorer. Le ministre de l’éducation ne devrait pas jouer son poste sur la rentrée des classes ou le nombre de grévistes, mais sur l’inversion de la courbe du nombre d’enfants qui ne savent pas lire à la fin du CE1.

Un des bénéfices principaux de l’utilisation des outils numériques à l’école primaire peut être de permettre aux professeurs de bénéficier d’évaluations fines des compétences individuelles des élèves. Il faut également reconnaître que la pédagogie est une science. On en sait aujourd’hui assez sur les mécanismes de l’apprentissage et du cerveau et sur l’évaluation d’impact de politiques éducatives pour définir quelques mesures simples. En premier lieu, les 35 heures qui sauveront la France : c’est le nombre d’heure dont les enfants ont besoin pour être sûrs d’apprendre à lire. Aujourd’hui, en trois ans consacrés à l’apprentissage de la lecture, l’école n’est pas capable d’offrir à chaque élève de France ces 35 heures d’apprentissage engagé.

Il faut impérativement permettre aux professeurs de construire les emplois du temps, les leçons, l’animation des séquences et la répartition des élèves en groupes pour y parvenir. Nous devons également renforcer l’apprentissage des dimensions « non cognitives » (estime de soi, confiance, régulation des émotions, collaboration…) : pour bien apprendre à lire, écrire, compter, celles-ci sont aussi importantes que les dimensions cognitives et doivent faire l’objet de la même attention. Concentrer la formation initiale des professeurs sur les compétences requises en salle de classe, à savoir d’une part les bases des sciences cognitives de l’apprentissage et d’autre part les pratiques de salle de classe enseignées à base de mises en situations, et favoriser la culture de la coopération et du partage d’expérience entre les enseignants sont enfin essentiels à l’atteinte de cet objectif. L’échec scolaire est une menace grave pour la cohésion sociale et la compétitivité de notre pays. Il est urgent d’agir, et une amélioration significative de la performance des élèves ne sera obtenue qu’à la condition d’un engagement politique fort de la part du chef de l’Etat et de son gouvernement, qui devront se tenir responsable des résultats des élèves, et donner aux établissements et aux enseignants les moyens et l’autonomie nécessaires à une action efficace.

Ligne 15 au nom duquel les auteurs de cet article signent cette tribune est un club de réflexion fondé au lendemain de l’élection présidentielle par de jeunes professionnels issus à parité du secteur public et du secteur privé.

Retrouvez cette tribune sur le site du journal Le Monde.

Exemple

Retrouvez ci-dessous l’article du magazine Capital autour de la nécessaire priorité à donner à l’école primaire. Les analyses de l’association sont citées en exemple. L’intégralité de l’article est disponible en pdf en cliquant sur l’image.

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Les propositions listées par l’article :

1- Augmenter le taux d’encadrement en maternelle et élémentaire

2- Développer la scolarisation avant 3 ans dans les quartiers défavorisés

3- Limiter l’évaluation des élèves

4- Renforcer les horaires de français

5- Systématiser le travail en petits groupes

6- Assouplir les rythmes scolaires

7- Limiter les redoublements en instituant des «cycles»

8- Préparer la lecture dès le plus jeune âge

Coût de la mesure : moyen

Le constat : 25% des élèves de CM2 ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture.

Pour réduire le retard dans l’apprentissage de la lecture, Laurent Cros en est convaincu : « Il faut travailler sur les sons et les syllabes dès la maternelle. » Créée en 2011, l’association Agir pour l’école travaille avec des professeurs de maternelle et de CP des quartiers défavorisés pour les aider à préparer les premiers apprentissages de la langue (en quatre ans, elle est intervenue dans 600 classes).

Le résultat ? D’après un rapport d’évaluation du ministère, on constate une nette amélioration de la lecture chez les élèves (+ 48%).

9- Muscler l’apprentissage de l’anglais

10- Renforcer l’instruction civique et morale

11- Recruter des éducateurs dans les établissements

12- Rendre à la formation continue obligatoire

13- Apprendre la pédagogie aux futurs professeurs

14- Former les profs aux nouvelles technologies

 

Retrouvez l’article sur le site du magazine Capital.