Notre méthode d’apprentissage de la lecture fonctionne ! Et très bien ! Retrouvez ci-dessous l’article de Soazic Le Nevé pour l’AEF et l’avantage des pédagogies structurées.
Pour « réduire les inégalités scolaires, améliorer les apprentissages et adapter l’éducation aux besoins spécifiques de chaque élève », les stratégies pédagogiques ne sont pas nécessairement les plus couteuses : elles représenteraient une augmentation substantielle mais néanmoins raisonnable de 3% du coût total d’une année en primaire », affirme l’Institut des politiques publiques (IPP) dans une note datée d’octobre 2015 consacrée au projet LECTURE de l’association Agir pour l’école. Ce programme qui coûte 200€ par élève de grade section de maternelle « augmente les compétences de 15,3% d’un écart type ». Il revient à dépenser 13€ pour augmenter les performances des élèves d’un point de pourcentage d’écart-type alors qu’il faudrait consacrer entre 36 et 48€ en diminuant la taille des classes, levier généralement utilisé pour réduire l’échec scolaire.
Miser sur l’enseignement phonologique
L’objectif du programme LECTURE développé par l’association Agir pour l’école et la Dgesco en 2011 est d’augmenter considérablement le volume d’enseignement phonologique dès le second semestre de la grande section de maternelle et de préparer au mieux les élèves à la lecture au CP.
Il a pour ambition de modifier les pratiques : après une formation générale, les enseignants reçoivent régulièrement la visite de spécialistes de la méthode, mesurent régulièrement les progrès de leurs élèves au moyen de tests standardisés et utilisent les outils pédagogiques (livres, test) développés par l’association tout au long de l’année.
Les élèves bénéficiaires du projet LECTURE « progressent beaucoup » et « les inégalités de réussite se voient réduites, pour un rapport coût-bénéfice bien inférieur à celui d’autres politiques éducatives (par exemple réduction de la taille des classes) », affirme l’Institut des politiques publiques (IPP) dans une note datée d’octobre 2015 consacrée au projet LECTURE de l’association Agir pour l’école. Cette étude souligne l’importance de la pédagogie des enseignants sur les progressions des élèves et indique qu’une formation intensive et structurée est en mesure de modifier efficacement leurs pratiques.
« Grâce à la constitution de petits groupes de niveau au début de l’année, les enseignants ayant bénéficié de la formation semblent avoir mieux ajusté le contenu des apprentissages aux compétences spécifiques des élèves par rapport aux autres enseignants », décrit l’étude.
2 à 3 fois moins cher que de diminuer la taille des classes
Le programme LECTURE, qui « coûte 200 euros par élève et augmente les compétences de 15,3 % d’un écart-type, revient à dépenser 13 euros pour augmenter les performances des élèves d’un point de pourcentage d’écart-type », étaye l’étude. « Selon le même raisonnement, il faudrait consacrer entre 36 et 48 euros, soit deux à trois fois plus, par élève pour obtenir 1 point de pourcentage de progression, en diminuant la taille des classes. »
De plus, « cette estimation du rapport coût-bénéfice ne tient pas compte de l’effet de long terme des changements de pratiques sur les cohortes d’élèves que les enseignants formés par le programme auront peut-être plus tard en classe » et « si les enseignants sont en capacité de reproduire durablement les bonnes pratiques acquises dans le cadre de la formation ponctuelle qu’ils ont reçue, alors le coût-bénéfice d’une telle formation initiale ou continue est sans commune mesure avec celle de politiques d’offre éducative qui ne prennent pas en compte le contenu de l’enseignement ».
Quel effet à long terme ?
Cependant, les données de l’IPP « ne permettent pas de conclure sur l’effet du programme à moyen terme (fin du CP) et à plus long terme (maîtrise de la lecture à l’entrée en 6e) ». En effet, « la difficulté d’effectuer des suivis longitudinaux des élèves de primaire en France est très préjudiciable à ce type de recherche », explique l’institut qui « souligne que le programme analysé dans cette note nécessite une participation active des équipes pédagogiques, une observation au plus près des pratiques des professeurs et une mobilisation importante des acteurs locaux – Dasen, IEN, conseillers pédagogiques et enseignants », conditions « parfois difficiles à réunir ».
De plus, l’IPP note une « absence d’impact significatif du programme sur les compétences en compréhension et en vocabulaire », estimant ce constat « logique, dans la mesure où ces compétences ne sont pas spécifiquement abordées par le projet LECTURE ».