Eradiquer l’échec scolaire coûterait 100 euros par enfant !

Exemple

Nous partageons ici l’intéressante tribune du professeur Michel Godet, membre de l’Académie des Technologies, initialement publiée ici. Notre méthode d’apprentissage de la lecture fonctionne et représenterait un coût minimal pour l’Education Nationale. 

 

“L’échec scolaire massif fait partie des exceptions françaises dont notre pays se passerait bien. D’autant que les 140 000 jeunes qui quittent chaque année le système scolaire sans aucun diplôme sont aussi ceux qui ont le moins de chances de trouver un emploi et de s’insérer dans la société par le travail. Rappelons que le taux de chômage des jeunes sans diplôme est aujourd’hui de l’ordre de 50 %.

 

En cause, l’acquisition des savoirs de base dès les petites classes. En effet, on constate que  ces « décrocheurs » font partie des 22 % d’une classe d’âge  entrés en 6ème sans savoir lire, écrire et compter correctement. Et, tandis que nos dépenses d’éducation sont parmi les plus élevées et ne cessent de croître, la France n’en finit pas de dégringoler dans les classements éducatifs  internationaux du type PISA.

Nous savons aujourd’hui que cette situation n’est pas une fatalité, qu’une action forte et volontaire des pouvoirs publics pourrait inverser cette tendance, à condition de s’attaquer aux racines du problème dès le CP.

Il s’agirait d’abord de changer la méthode d’apprentissage de la lecture. C’est ce qu’a montré, depuis quelques années et  dans des conditions d’expérimentation scientifique  validées par les chercheurs, auprès d’environ 3 000 jeunes, l’association Agir pour l’Ecole soutenue par l’institut Montaigne. Il s’agit d’abandonner les méthodes globale ou syllabique et d’opter pour la méthode dite de  « consonance phonique » où des sons sont identifiés à partir de jeux de lettres. Les résultats sont spectaculaires et le nombre d’enfants qui décrochent dès le CP recule drastiquement. Mieux, le poids des origines sociales, déterminant souvent mis en avant pour justifier les difficultés scolaires, s’efface en grande partie.

 

Le coût supplémentaire du dispositif y compris son évaluation n’est que 100 € par enfant sur les 6 000 € annuels que coûte un enfant dans primaire.

 

Les résultats de ces expérimentations sont connus, à droite comme à gauche. Mais la généralisation de cette méthode bute encore sur un obstacle : celui de la liberté pédagogique des enseignants.

 

Le Ministère de l’Education  suit les expérimentations de près, comme le précédent gouvernement. Il a fait le choix de les étendre pour qu’elles concernent bientôt 10 000 enfants. Il faudra donc attendre 2017 pour avoir le courage d’une réforme qui aurait dû s’imposer depuis longtemps.”